samedi 16 mars 2019

Mur de fleurs

 (Un autre texte dans la même veine que les deux premiers, ils sont tous fait en une heure et corrigés un peu quand je les met sur le blog.)

A l'infini un mur, à l'infini un champ de fleur séparé par cette structure pas plus haute qu'une enjambée. Cela faisait 12 ans, toute sa vie, que la jeune fille marchait sur cette structure large de deux mètres seulement. Le muret de pierre l'avait vu naître et pleurer sa mère. Il y a longtemps, un couple avait décidé de fuir les vagues qui engloutissaient leur île, un exode massif prit place. Tous les habitants s'étaient entassés sur des bateaux et avaient fuit pour rejoindre le continent, en tout cas c'est qu'ils auraient aimé croire.

Pourtant, au cœur des montagnes, dans l'ancien asile des nécessiteux, les malades et les sans-rien avaient dû rester. La flotte imposante de l'ancienne civilisation n'avait pas eu la place pour eux, ils avaient été laissé sur l'île, tous ceux trop faibles ou pas assez importants. Attendant leur destin ils s'étaient réunis sur un plateau, le plus haut qu'ils aient put atteindre. Leur seul futur était sombre, mais ces gens là riaient et décrivaient avec euphorie leurs familles qui avaient réussi à s'en sortir, ils étaient heureux d'avoir vécut et tristes tout de même. Au final c'était leur mort, ils avaient le droit d'être comme ils le voulaient à son approche.

Mais un dieu ou un ange sembla les entendre ce jour là et cette chose fit en sorte que leurs prières obtiennent une suite. Devant leurs yeux un escalier massif apparut, plein de mousse et d'âge, il était assez grand pour laisser tout le monde l'emprunter. Certains hésitèrent, une partie préféra rester sur l'île, les plus vieux et les plus malades notamment, mais les autres gravirent les marches jusqu'à que ce que les plus hautes montagnes elles-mêmes paraissent lointaines. Devant eux se dressa alors une porte, énorme et majestueuse, tous se sentaient plus humbles devant son apparence. Quelque chose semblait rappeler à tous, la porte d'une maison qu'ils n'avaient jamais connu mais regrettaient amèrement.

Dans un immense tonnerre et une bouffée d'air chaud, le passage s'ouvrit, laissant voir le mur, le champ de fleur coupé en deux et un orbe de lumière flottant devant eux.

"Ceci est votre seconde chance, ceux que vous avez connu n'atteindront jamais le continent, ils disparaîtront tout comme la terre entière pour un temps. Devant vous s'étale une longue épreuve que personne n'a jamais réussi, peut-être serez-vous les premiers. Ce mur est le seul endroit sûr de mon jardin et à son confins se trouve une cité où nul ne connait la famine, ni le malheur, ni la maladie, ceux qui y parviendront y seront hébergés jusqu'à la fin des temps. Puisse les valeureux l'atteindre."

C'est ainsi que à la centaine de parias et d'abandonnés fut offert une opportunité, parmi eux les parents de cette jeune fille, trapue et au regard intelligent, qui voyage maintenant seule.

Parmi tous ceux qui ont entamés le grand voyage une seule petite partie continue encore de marcher, nombreux sont ceux qui finissent leurs jours dans de petits retranchements où le mur est plus large. Ces petits camps vivent des champignons, des mousses, des lichens et des petits animaux qui parcourent le mur. Ces derniers y viennent principalement pour mourir, des cerfs, des crocodiles et même des choses qui n'existaient pas sur l'île d'origine et que personne ne connaît, sortent parfois du jardin pour se donner aux humains et mourir.
La plupart se montrent affectueux et semble exprimer une étrange gratitude lorsque l'on s'occupe d'eux, certains parfois vivent des années avec une personne avant de s'éteindre.

C'est le cas pour Azalée qui continue encore et encore de marcher, accompagnée d'Estelle sa couleuvre.

"Je me demande si il va bien. Non... je sais qu'il va bien, mais je me demande où il est. Depuis que maman est parti il était devenu triste, mais je ne pensais pas qu'il essaierait de la retrouver là-bas."

Elle s'arrêta, pour sourire et retenir ses larmes.

"J'espère qu'on tombera bientôt sur quelqu'un."

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