Un gaz à la toxine de tristesse se répand chez moi, je le
respire. Je me brise d'un coup, alors que je me faisais du thé. Je me
brise comme une petite chose fragile cachée sous une fourrure de
mensonge, d'intimidation.
Le téléphone sonne.
Je ne contrôle plus ma respiration, je ne contrôle plus rien. Je suis à terre à genoux et je chute à travers les étages.
Mon
cœur s'affole, je tombe à travers l'appartement du bruyant du
bas, de la lycéenne qui habite seule du troisième, je chute à travers
deux autres étages d'ombres aux visages vides que je ne connais pas. Je m'écrase violemment et
je reviens.
Le téléphone sonne.
-Oui ?
-Il faudrait que tu viennes en fait y a...
Je
viens. J'enfile ma veste, j'éteins tout, plus rien ne luis, pas même la
musique. Dans mon appartement c'est silence noir. Le froid d'hiver
empoisse tout avec de la nuit qui colle et dégouline. J'essuie mes
larmes, je plisse mes yeux en pensant que ça aidera à ne pas voir.
Ma
gorge est rauque, attaquée par l'heure tardive de décembre, il gèle. On
me salue à plusieurs reprises, des débiteurs et des voisins. Le ciel me
regarde, gris, il juge tout ces gens qui marchent, qui vont travailler à
cet heure. Le ciel est nuageux et jaunâtre, mais il se permet de juger.
La clochette du bureau sonne quand j'entre.
Dling
Je lève la tête, à l'arrière les autres téléphonent. Je m'installe et me verse un café, le boss me fait un signe et j'approche.
-Faut
que tu ailles voir à l'appartement de ce type sur l'avenue. Mik est
pas revenu. Encore désolé pour ta nuit, je t'en dois une.
Je
hoche la tête et avale le café froid. Le type qu'est allé voir Mik a une
sacrée dette, je me doute qu'il ne doit pas être content.
L'avenue
est à cinq minutes en bus, je descend. Mik aurait déjà dût être rentré
si il y est parti il y a une heure. Je toque à la porte.
Elle s'ouvre. Toute seule.
-Mince...
Faute d'autres mots je me répète.
-MINCE MINCE MINCE...
L'eau se transforme en os. La glace est flaque rouille. Le matin transperce le ciel.
lundi 17 juin 2019
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