lundi 30 novembre 2020

La chanson de la fée

 

Du verre tombe en flocons coupants qui s'embrasent avec le soleil. Dans la grande maison il n'y a plus personne et l'arbre qui vient de s'abattre a brisé la dernière fenêtre encore intacte. Au milieu des éclats, une voix retentit, elle chante son amusement. Cela fait bien longtemps qu'on lui avait interdit l'accès à son jardin, qu'un humain avait déclamé contre elle à la pleine lune pour sa possession. Il avait ému les esprits de la forêt avec son amour, avait prophétisé que la terre porterait ses enfants pour toujours, qu'il ferait bon usage de ce foyer.

Mais plus aucun de ses descendants ne marche sous le ciel de nos jours, ils sont partis loin dans la nuit ou bien ils se cachent sous la terre. Ils ont meurtri la surface avec du feu et du métal, du poison invisible dans l'air, de la lumière qui a effacé la vie.

La chanson continue au milieu des éboulis moussus, du parquet d'où sortent de tendres fleurs. Un arbre millénaire trône au milieu de ce qui fut un manoir, elle fredonne devant lui et le vent l'accompagne. Le lierre et les feuilles dansent au ton de celle qui s'allonge à l'ombre du grand chêne.

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